Les caisses de l’État marocain enregistrent un début d’année particulièrement dynamique. À fin mars 2025, les recettes fiscales ont atteint plus de 90,3 milliards de dirhams (MMDH), en hausse de 21,5% par rapport à la même période l’an dernier, selon les dernières données du ministère de l’Économie et des Finances.
Ce niveau de performance représente déjà 30,7% des prévisions inscrites dans la loi de finances 2025, indique le document de la Situation des Charges et Ressources du Trésor (SCRT), qui suit en temps réel l’exécution budgétaire. Ce sont les recouvrements spontanés liés à l’impôt sur les sociétés (IS) qui tirent cette progression. L’IS a généré 34,4 MMDH, soit une hausse de 33,8% (+8,7 MMDH). Cette embellie est portée par une forte augmentation du complément de régularisation (+53,3%) ainsi que du premier acompte (+37,8%), traduisant une dynamique d’anticipation et de conformité accrue chez les entreprises. Le taux de réalisation de cet impôt atteint ainsi 47,3%.
L’impôt sur le revenu (IR) n’est pas en reste. Il bondit de 43,7% pour s’établir à 21 MMDH, avec un taux de réalisation de 34,4%. Cette hausse exceptionnelle s’explique en grande partie par l’opération de régularisation fiscale volontaire, qui a permis d’injecter 3,8 MMDH supplémentaires dès janvier. L’IR sur les salaires, de son côté, enregistre une augmentation plus modérée (+474 MDH), mais reste bien orienté.
La taxe sur la valeur ajoutée (TVA), avec un taux de réalisation de 22%, affiche une progression plus modeste (+563 MDH). Si les recettes issues de la TVA à l’importation grimpent de 9,5%, celles perçues à l’intérieur du pays reculent de 7,4%, signe d’un ralentissement de la consommation locale ou d’un décalage de facturation.
Les taxes intérieures de consommation (TIC) affichent, quant à elles, une progression de 10,7% (+779 MDH), portée presque exclusivement par les produits énergétiques (+18,6%), dans un contexte de hausse des prix du carburant.
À noter également, un effort substantiel de l’État pour apurer les crédits de TVA : les remboursements, dégrèvements et restitutions ont plus que doublé, atteignant 8,9 MMDH à fin mars, contre 4,4 MMDH un an auparavant. Une mesure saluée par les entreprises qui attendent souvent plusieurs mois pour récupérer leurs créances fiscales. Les droits de douane progressent de 14,1%, atteignant un taux de réalisation de 18%. Les droits d’enregistrement et de timbre augmentent plus modestement (+3%), avec un taux de réalisation plus élevé (34,8%).
Côté recettes non fiscales, le Trésor a encaissé 7,9 MMDH, contre 6,2 MMDH l’an dernier, soit une hausse de 27,3%. Bank Al-Maghrib y contribue à hauteur de 3,6 MMDH, et l’Agence nationale de la conservation foncière pour 1 MMDH.
Une photographie budgétaire de plus en plus fine
Rappelons que la SCRT permet d’aller au-delà de la simple comptabilité publique. Contrairement à la situation produite par la Trésorerie Générale du Royaume (TGR), qui repose sur l’enregistrement des flux comptables, la SCRT adopte une lecture économique, en ligne avec les standards internationaux en matière de statistiques des finances publiques. Elle présente les grands équilibres budgétaires — recettes, dépenses, déficit, financement — dans une optique de pilotage stratégique de l’action publique.