La volonté du «premier» contre l’obsession du «dixième» – Aujourd’hui le Maroc

La volonté du «premier» contre l’obsession du «dixième» – Aujourd’hui le Maroc

Le Maroc défiera le Nigeria en finale de la CAN féminine 2024 samedi à Rabat. L’Afrique du Sud et le Ghana s’affronteront la veille pour la troisième place.


Le 5 juillet, le gong sonne. Lancement de la compétition et des festivités. Le 26 juillet, le gong retentira pour mettre fin à une 13ème édition de la Coupe d’Afrique féminine des Nations avec une finale qui mettra aux prises la sélection nationale face à son homologue nigérienne.
Le rideau tombera donc sur une édition réussie à tout point de vue. Mais il est clair qu’un heureux dénouement fera d’elle une édition encore plus mémorable.
Pour y parvenir, les Lionnes de l’Atlas sont appelées plus que jamais à redoubler d’effort et saisir le destin à la gorge. Pour rappel, la sélection nationale dispute la deuxième finale consécutive. Après avoir laissé filer l’occasion de remporter le titre en 2022 face à l’Afrique du Sud, une nouvelle chance se présente pour remporter le trophée à la maison.

La belle affiche de la finale a des allures de choc des extrêmes. D’un côté, le Maroc, pays hôte et aspirant au tout premier titre continental de son histoire. De l’autre, le Nigeria, neuf fois sacré, en quête d’un dixième sacre historique. David contre Goliath diront les uns, mano à mano diront les autres. En dépit du palmarès, seule la réalité du terrain compte.

Les deux adversaires ne sont pas à leurs premiers coups d’essai. Elles se sont déjà retrouvées à trois reprises. La dernière confrontation, en demi-finale de l’édition 2022 à Rabat, avait vu les Lionnes de l’Atlas faire tomber les Super Falcons aux tirs au but (1-1, 5-4 t.a.b). Un soir qui avait marqué un tournant pour le football féminin marocain. Trois ans plus tard, les coéquipières de Ghizlane Chebbak ont grandi, mûri et s’apprêtent à calquer ce scénario ou faire mieux en remportant la partie dans le temps réglementaire.
Le parcours des Marocaines lors de cette édition 2024 confirme leur montée en puissance : un nul renversant face à la Zambie (2-2), une victoire éclatante contre la RDC (4-2) grâce à un triplé de Chebbak, un succès au forceps contre le Sénégal (1-0), puis une démonstration face au Mali (3-1). En demi-finale, les Lionnes ont tremblé face au Ghana mais se sont une nouvelle fois imposées aux tirs au but, portées par l’expérience de Khadija Er-Rmichi et les échecs adverses.

Si le Maroc a encaissé au moins un but à chaque rencontre (six au total), il a surtout inscrit 11 buts et fait preuve d’une détermination impressionnante. Le collectif emmené par Chebbak, Tagnaout, Mssoudy, Jraidi et Ouzraoui séduit par sa complémentarité et son allant offensif.
Jamais le football marocain n’a semblé aussi proche de l’exploit. Après le sacre des Lions à la CAN 1976 et la demi-finale historique des hommes à la Coupe du monde 2022 au Qatar, les Lionnes de l’Atlas rêvent de s’inviter dans la légende. Le stade Olympique de Rabat est plein à craquer à chaque rencontre. Et samedi, le pays retiendra son souffle. Pour les joueuses, il s’agit de conclure cinq années de travail intense. Pour le public, de vivre une première fois inoubliable.

Le décompte est enclenché et le match va certes tous nous émoustiller. Les Lionnes de l’Atlas gardent sûrement dans un coin de la tête le souvenir d’une défaite à exorciser. Le pire n’est pas encore derrière elles. Pour ce faire, il faut battre le Nigeria, cet ogre africain. Les Nigérianes représentent la stabilité, la constance et la domination sans partage. Depuis 1998, les Super Falcons ont toujours passé le premier tour. En 13 éditions, elles ont disputé neuf finales et les ont toutes gagnées. Une statistique implacable qui force le respect.
La phase de groupes 2024 a vu les Nigérianes dominer leur poule (victoires contre la Tunisie et le Botswana, nul contre l’Algérie). En quart, elles ont étrillé la Zambie (5-0), équipe pourtant redoutée. En demi-finale, elles ont tenu tête aux tenantes du titre sud-africaines, s’imposant aux tirs au but après un duel sans but. Résultat : un retour en finale, presque une habitude.

Depuis plusieurs mois, les réseaux sociaux et les médias nigérians ont baptisé leur mission du surnom évocateur : « Mission X ». X comme 10. Dix titres pour dix finales. Un chiffre rond, une marque que les joueuses de Justin Madugu veulent atteindre pour affirmer leur hégémonie.
Dans cette quête, la capitaine Rasheedat Ajibade rayonne. Élue meilleure joueuse à trois reprises en cinq matches, elle incarne la nouvelle génération ambitieuse des Super Falcons. À ses côtés, l’expérimentée gardienne Chiamaka Nnadozie, impériale dans ses cages (un seul but encaissé, sur penalty), et l’efficace Esther Okoronkwo, déjà créditée de quatre passes décisives, symbolisent l’équilibre entre expérience et jeunesse.
Samedi, ce ne sera pas seulement une opposition entre deux équipes. Ce sera une confrontation entre deux visions du football féminin. D’un côté, un Nigeria conquérant, référence incontestée sur le continent depuis plus de deux décennies. De l’autre, un Maroc en pleine ascension, porté par une ferveur populaire et une politique de développement ambitieuse.

Il y a cinq ans, la Fédération royale marocaine de football lançait une stratégie dédiée au développement du football féminin. Objectif affiché : transformer des débuts timides en compétition en une force crédible sur la scène continentale. Avant 2022, le Maroc ne comptait que deux participations (1998, 2000), pour un seul point récolté et 22 buts encaissés. Depuis, le projet s’est concrétisé : finale à domicile en 2022, revoici les Lionnes trois ans plus tard, toujours en finale, cette fois avec la ferme intention de s’imposer.
Sur le terrain, les Lionnes de l’Atlas auront l’avantage du public, mais les Super Falcons possèdent l’expérience des grands rendez-vous. Une chose est sûre : quelle que soit l’issue, cette finale marquera l’histoire du football africain féminin.

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