Mardi, place à deux demi-finales à très haute intensité : Maroc–Ghana sur la pelouse du stade Olympique de Rabat, Afrique du Sud–Nigeria dans le chaudron du stade Larbi Zaouli de Casablanca.
Au départ, elles étaient douze prétendantes au titre de championne d’Afrique. Aujourd’hui elles ne sont plus que quatre à concourir pour le trophée. La phase de groupes a trié, les quarts ont serré le jeu, et il ne reste que l’élite. Le dernier carré de la CAN Féminine CAF TotalEnergies Maroc 2024 oppose ce que le continent a de plus tranchant : un pays hôte qui avance porté par une ferveur populaire rare, une génération ghanéenne en mission, des tenantes du titre accrochées mais toujours debout, et l’ogre historique au palmarès XXL.
Maroc-Ghana : Entre ambition et motivation
Lors de la dernière édition tenue à domicile, le Maroc s’était invité en finale, réveillant l’orgueil du football féminin local. Mais les choses n’ont malheureusement pas connu un dénouement heureux. Trois ans plus tard, les Lionnes de l’Atlas reviennent à la charge. Elles ont grandi, mûri et sont aujourd’hui encore plus motivées qu’avant refusant tout autre scénario que la victoire finale. Dans un stade olympique qui affiche complet à chaque sortie, les joueuses de Jorge Vilda ont dégagé une impression de maturité nouvelle. En quarts, le Mali n’a pas pesé lourd : victoire 3-1, avec un doublé d’Ibtissam Jraïdi : «Cette équipe sait souffrir et frapper au bon moment. Il y a une alchimie, une âme», glissait Vilda après la rencontre.
Cependant, c’est un tout autre défi qui attend le Maroc. Car en face, le Ghana n’a pas cédé une once d’intensité depuis le début du tournoi. Les Black Queens, portées par leur gardienne Cynthia Konlan – héroïne de la séance de tirs au but face à l’Algérie (0-0, 4-2 tab) – sont en mission. Kim Björkegren, le sélectionneur suédois, le martèle depuis plusieurs mois : «Cette équipe a trop longtemps été sous-estimée. On veut renverser la table.»
En phase de groupes, le Ghana a concédé deux buts tout en se tirant d’un groupe piège composé de l’Afrique du Sud, du Mali et de la Tanzanie, pour finir avec 4 points. Depuis, il avance à l’instinct, porté par une dynamique de reconquête. À l’image d’Alice Kusi, précieuse entre les lignes, et de Chantelle Boye, cette sélection mélange expérience et envie brûlante.
À trois reprises (1998, 2002, 2006), elles ont buté à la dernière marche. L’ambition est donc à la hauteur de leur objectif : retrouver la finale dix ans plus tard.
Statistiquement, le Maroc possède l’une des meilleures attaques du tournoi (10 buts en quatre matchs) tandis que le Ghana affiche la meilleure défense (deux buts encaissés). Difficile de dégager un favori, tant les forces semblent équilibrées. L’atout public pourrait faire pencher la balance. Mais dans les vestiaires ghanéens, on ne s’en soucie guère : «Jouer contre le pays hôte, c’est une excitation. Pas une pression», sourit Kusi.
Dans le vestiaire national, la bande de Jorge Vilda est consciente de la mission qui attend et de l’espoir de tout un peuple assoiffé de voir la sélection féminie remporter la première Coupe d’Afrique féminine de son histoire. Symboliquement, cela serait de bon augure pour la sélection masculine qui disputera la même compétition dans cinq mois.
Afrique du Sud – Nigeria : Une finale avant l’heure
C’est un classique. Un de ces duels gravés dans le marbre de la CAN Féminine CAF TotalEnergies. Le Nigeria a impressionné par sa rigueur. Trois victoires en poules, 4 buts marqués, aucun encaissé, puis une démonstration en quart contre la Zambie (5-0). Dans un collectif huilé, la latérale Michelle Alozie et la milieu Rasheedat Ajibade brillent par leur volume de jeu, tandis qu’Esther Okoronkwo, meilleure passeuse avec 3 offrandes, s’affirme de plus en plus dans la compétition.
En face, Desiree Ellis continue de parfaire sa méthode. L’Afrique du Sud, bien qu’ayant montré des signes de faiblesse, est encore là. Accrochée par la Tanzanie (1-1) lors de son deuxième match, elle a battu le Sénégal aux tirs au but (0-0, 4-1 tab) en quart, portée par une grande Andile Dlamini dans les cages.
Mais le tableau n’est pas aussi pâle qu’il n’y paraît. Jermaine Seoposenwe, Hildah Magaia, et Lebogang Ramalepe peuvent changer le match à tout instant. Le jeu de possession, parfois stérile en phase de poules, s’est affûté. Et le groupe semble revivre ses émotions de 2022. «Il y a une flamme, une mémoire collective. On sait ce que représente ce match. On sait ce qu’il faut pour battre le Nigeria», martèle Ellis.
Côté chiffres, le Nigeria est en tête de presque tous les indicateurs : deuxième meilleure attaque (neuf buts), meilleure défense (zéro but encaissé), mais la dernière confrontation entre les deux équipes, en Coupe d’Afrique des Nations Féminine CAF TotalEnergies s’était soldée par une victoire sud-africaine 2-1.
Le dernier carré de cette CAN féminine 2024 résume tout ce que le football africain a de plus prometteur. Le Maroc rêve de sa première étoile. Le Ghana veut retrouver son lustre. L’Afrique du Sud vise le doublé. Le Nigeria veut rappeler à tous qu’il reste le patron.