Le Ghana écarte l’Algérie et donne rendez-vous au Maroc en demi-finale – Aujourd’hui le Maroc

Le Ghana écarte l’Algérie et donne rendez-vous au Maroc en demi-finale – Aujourd’hui le Maroc

Avec cette victoire, le Ghana retrouve le dernier carré de la compétition pour la première fois depuis 2016. Les joueuses de Kim Björkegren affronteront en demi-finale le Maroc, ce mardi à partir de 20h00 au stade Olympique de Rabat.


Les Black Queens ont longtemps buté sur une équipe algérienne bien en place, déterminée, et portée par une Chloé N’Gazi impériale dans les cages. La gardienne a repoussé toutes les tentatives ghanéennes pendant 120 minutes, notamment celles de Doris Boaduwaa, Chantelle Boye-Hlorkah et Evelyn Badu.
Le Ghana avait pourtant cru prendre l’avantage dès la première période : à la 28e minute, Stella Nyamekye faisait trembler les filets, mais la VAR signalait une position de hors-jeu. La suite n’a été que frustration offensive pour les deux camps. L’Algérie, emmenée par Ghoutia Karchouni et Marine Dafeur, a elle aussi eu ses occasions, mais s’est heurtée à une Cynthia Konlan impeccable dans son rôle de dernier rempart.
La décision s’est donc faite aux tirs au but. Et c’est là que Konlan a définitivement pris la lumière. La gardienne ghanéenne a repoussé les tentatives de Marine Dafeur et d’Inès Belloumou, tandis que ses coéquipières ne tremblaient pas au moment de frapper. Josephine Bonsu, Doris Boaduwaa, Chantelle Boye-Hlorkah et Evelyn Badu ont transformé leurs tentatives avec maîtrise. Si le Ghana est parvenu à ce stade de la compétition, c’est en grande partie grâce à un élément clé dans sa composition, qui n’a pas cessé de briller depuis le début et n’a fait que confirmer son rôle déterminant lors de cette confrontation. Il s’agit de Grâce Asantewaa. Elle n’a pas marqué. Elle n’a pas délivré de passe décisive. Mais dans cette qualification arrachée au bout d’un match verrouillé, c’est son empreinte qui saute aux yeux. Élue joueuse du match TotalEnergies, la Ghanéenne a permis aux Black Queens de retrouver le dernier carré.
Asantewaa a tout fait. Gratter les ballons bas. Poser le pied dessus quand le tempo s’emballait. Relancer propre, chercher long, combiner court. Elle a dicté, orienté, crié, imposé. Elle a parfois même dansé, entre deux Algériennes, balle au pied. Elle n’a pas seulement traversé ce quart de finale, elle l’a tenu en main. D’un bout à l’autre.
À la baguette, son entente avec Jennifer Cudjoe a mis sous pression un bloc algérien qui n’avait pas encore craqué dans ce tournoi. Face à cette muraille, le Ghana a insisté, souvent sans solution, mais sans jamais se désorganiser. Et dans cette rigueur, cette patience, on retrouve la marque des grandes.
Pour Asantewaa, cette opposition avait un goût de revanche. En 2018, déjà dans le groupe, elle avait vécu l’humiliation d’une élimination dès les poules, à domicile. «J’avais pensé arrêter le football. J’étais au bout», confie-t-elle, regard levé, sourire figé par l’émotion. «Mais ma famille, mes amis m’ont soutenue. Alors j’ai tenu. Pour ce moment. Pour ce retour.».
Le sélectionneur Kim Björkegren, lui, n’a pas tari d’éloges : «Elle monte d’un cran à chaque tour. C’est le genre de joueuse qui devient meilleure quand l’enjeu augmente. Avec Cudjoe, elles ont été notre poumon. Je n’ai pas pu les sortir, elles étaient tout simplement indispensables.»
Solides et organisées, les Black Queens ont fermé tous les angles. Et quand la décision a dû se faire aux tirs au but, elles ont gardé la tête froide. L’Algérie, qui n’avait pas encaissé un seul but jusque-là, tombe les armes à la main. Le Ghana, lui, avance, avec la sensation d’avoir grandi dans la difficulté.
Deux séances de tirs au but disputées dans cette CAN, deux remportées. Un signe ? Peut-être. Une habitude ? Sûrement. Une mentalité ? Clairement. Cette équipe ne lâche rien. Elle ne brille pas toujours, mais elle résiste, encaisse, puis surgit.
Mardi à Rabat, dans le cadre du stade Moulay Abdallah, les Black Queens défieront le pays hôte, le Maroc. Un choc à haute tension pour une place en finale, qu’elles n’ont plus atteinte depuis 2006. À trois reprises (1998, 2002, 2006), elles ont buté à la dernière marche, à chaque fois contre le Nigeria.
« On ne s’arrête pas là », prévient Asantewaa. « On a fait un gros boulot pour arriver jusque-là, mais notre objectif, c’est le trophée. On va continuer avec la même mentalité. »
Quatre rescapées seulement dans cette sélection par rapport aux dernières éditions. Parmi elles, Asantewaa. Et au vu de ce qu’elle vient de livrer à Berkane, on sait déjà que le Maroc ne devra pas seulement se méfier du Ghana. Il devra surtout surveiller son numéro 10.
Pour rappel, le Ghana a brillamment obtenu sa qualification pour la CAN Féminine 2024 en éliminant successivement le Rwanda et la Namibie lors des tours préliminaires. Au premier tour, les Black Queens ont dominé le Rwanda avec une victoire 7-0 à l’extérieur, suivie d’un succès 5-0 à domicile, pour un score cumulé de 12-0. Au second tour, elles ont affronté la Namibie, s’imposant 3-1 à Accra avant de s’incliner 1-0 à Pretoria, assurant leur qualification avec un score cumulé de 3-2.
Le futur adversaire de la sélection nationale est considéré parmi les pionniers du football féminin africain. Les Ghanéennes ont participé à plusieurs éditions de la CAN Féminine, atteignant la finale à trois reprises, mais n’ont pas encore remporté le titre. Après une période de déclin, marquée par des éliminations précoces et des absences, l’équipe a connu un renouveau ces dernières années, notamment grâce à une nouvelle génération de joueuses talentueuses et à des efforts accrus pour développer le football féminin au Ghana.
L’appel en renfort d’un sélectionneur chevronné a contribué à cet essor. Nommé en janvier 2025 à la tête des Black Queens, le Suédois Kim Lars Björkegren apporte avec lui une solide expérience du football féminin international. Lauréat du championnat suédois en 2017 avec Linköpings FC, il a ensuite dirigé des clubs en Chine, à Chypre (où il a remporté le titre invaincu avec Apollon Ladies), puis aux États-Unis, à la tête de Racing Louisville FC en NWSL. Entraîneur moderne et exigeant, il prône un football structuré, basé sur la discipline tactique, le pressing collectif et une forte intensité dans les phases de transition.

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