Le Maroc vient de sécuriser un financement majeur pour appuyer sa stratégie de transition énergétique. Trois institutions européennes – la Banque européenne d’investissement, la Banque allemande de développement et l’Union européenne – ont accordé ensemble 300 millions d’euros à l’Office national de l’électricité et de l’eau potable. Ces fonds serviront à moderniser une partie du réseau électrique et à favoriser l’intégration des énergies renouvelables dans le système national.
L’annonce a été faite sur le site du parc éolien de Jbel Lahdid, dans la province d’Essaouira, où des représentants de haut niveau ont marqué leur soutien à ce partenariat. Parmi eux, Ioannis Tsakiris pour la BEI, Christiane Laibach pour la KfW, et Daniele Dotto pour l’Union européenne. Ce projet prévoit notamment la réhabilitation de plus de 700 kilomètres de lignes électriques et une augmentation significative de la capacité d’évacuation du réseau.
Dans le détail, la BEI prend en charge 170 millions d’euros, et la KfW 130 millions. Ce soutien s’inscrit dans la continuité d’une coopération ancienne avec l’ONEE, et s’adapte aux nouveaux défis posés par l’essor des énergies renouvelables au Maroc.
Ce plan de modernisation vise à renforcer l’approvisionnement électrique tout en réduisant l’empreinte carbone. Les autorités tablent sur une baisse annuelle de près de 390 000 tonnes de CO₂ d’ici 2030. La demande en électricité ne cesse de croître, portée notamment par les effets du changement climatique. D’ici la fin de la décennie, le Maroc ambitionne d’investir 220 milliards de dirhams dans l’énergie, dont une large part pour le développement du réseau électrique et des sources renouvelables. Le mix énergétique devrait alors inclure 56 % d’énergies propres à l’horizon 2027.
Plusieurs projets d’envergure sont déjà en cours. Le pays prévoit de mettre en service 12,5 GW de capacités renouvelables supplémentaires, de construire plus de 700 kilomètres de lignes nouvelles et de développer une autoroute électrique de 3 000 MW reliant le sud au centre du territoire, sur plus de 1 400 kilomètres.
Le parc éolien de Jbel Lahdid, entré en service en octobre 2024, incarne ces ambitions. Il s’agit du quatrième projet d’un programme de 1 000 MW d’énergie éolienne. Financé à parts égales par la BEI et la KfW à hauteur de 200 millions d’euros chacun, il bénéficie aussi d’un soutien direct de l’Union européenne. Sa production annuelle devrait atteindre 952 GWh, soit la consommation de 1,2 million de personnes.
Les partenaires européens ont salué cette coopération. Pour Ioannis Tsakiris, ce projet démontre la complémentarité entre infrastructures et production d’énergie verte. Patricia Llombart Cussac, ambassadrice de l’Union européenne, y voit une avancée concrète du Partenariat Vert Maroc-UE. Même son de cloche chez Robert Dölger, ambassadeur d’Allemagne, qui souligne la portée exemplaire de ce modèle de collaboration.
Dans ce cadre, la BEI assumera un rôle central pour la coordination des projets à venir, dans le cadre de l’Initiative de délégation réciproque, permettant de simplifier les démarches pour les autorités marocaines.
Pour Tarik Hamane, directeur général de l’ONEE, ce financement confirme la crédibilité de l’institution sur la scène internationale. Avec un réseau de 30 000 kilomètres et une capacité installée de 12 GW – dont plus de 45 % issue du renouvelable – l’ONEE reste un acteur clé de la politique climatique du pays.
Ces efforts s’inscrivent dans une vision plus large. Le Maroc entend devenir un point de connexion énergétique entre l’Afrique et l’Europe, tout en consolidant sa position de pionnier régional dans le domaine des énergies propres.
Le Partenariat Vert signé avec l’Union européenne en 2022, et renforcé récemment lors de la COP28, témoigne de cette dynamique. Grâce à ce nouvel appui, le Royaume et ses alliés européens traduisent leur engagement climatique en actions concrètes.
